HO KARAN, les soins naturels à l’huile de cannabis sativa !

16 octobre 2017

Laure a participé au premier concours de pitch de l’histoire du Mash Up Nantes (en décembre 2014) en présentant HO KARAN. Il était temps pour nous de prendre des nouvelles de Laure, de son projet :-)

Coucou Laure !

C’est une interview un peu particulière pour nous, je pense pour toi aussi :) Et oui, Laure n’a pas été qu’une simple “pitcheuse”, elle a aussi était la présidente du Mash Up Nantes pendant 2 ans. Cette interview arrive presque un an après ton départ de l’asso pour te concentrer sur HO KARAN, préparer quelques nouveautés :p

Commençons par le début, peux-tu nous décrire votre produit ? C’est l’heure de passer au pitch à l’écrit :-)

HO KARAN est une marque française et naturelle de soins à base de cannabis sativa, c’est le nom cosmétique de l’huile de chanvre bio.

Nos produits sont conçus pour les urbains, hommes comme femmes, qui constatent que le stress et la pollution des villes ont des effets néfastes sur leur peau et sur leur quotidien.

Nous nous lançons avec une gamme de 7 produits multifonctions et nomades allant de l’hygiène pour le corps au soin visage pour balayer l’ensemble des besoins journaliers.

Nous faisons actuellement des recherches sur le cannabidiol (CBD) un cannabinoïde reconnu pour ses propriétés apaisantes qui nous permettrait de nous attaquer à des problèmes de peau majeurs comme l’acné, l’eczéma, ou le psoriasis.

Il nous reste toutefois un peu d’évangélisation à faire du côté du législateur pour mettre ces produits sereinement sur le marché.

Quel a été ton parcours et comment es-tu arrivée à l’entrepreneuriat, à la création de HO KARAN ?

Je suis arrivée relativement naturellement à l’entrepreneuriat. Lors de mes études à Audencia j’ai fait mon premier stage dans une agence de design spécialisée dans la cosmétique. Ils m’ont d’ailleurs rappelé récemment que je leur avais pitché le concept de HO KARAN à l’entretien d’embauche. C’était en octobre 2012 ! J’ai ensuite fait plusieurs passages chez CHANEL en France et à l’étranger, en finance, business analyst et marketing.

Je n’étais en phase avec aucune de ces deux typologies de structures. Elles fonctionnent sur des temps relativement longs. J’avais l’impression de buter, de ne pas apprendre assez et assez vite. Je n’aimais pas mes clients non plus. Je me suis rendue compte à quel point il était important d’aimer et de respecter ses clients. Sinon tu deviens cynique et suffisant.

Je suis rentrée à Nantes en septembre 2014 pour faire ma majeure à Audencia. J’ai choisi l’entrepreneuriat. Ca me semblait évident, je ne me rappelle pas m’être posée la question. Déjà en prépa lors des oraux je disais que je voulais intégrer l’EM Lyon car ils sont reconnus pour leur filière entrepreneuriat. Je ne pourrais pas expliquer cette fixette, je n’avais pas d’entrepreneurs dans mon entourage, ça doit être une question de caractère.

Suite à la majeure j’ai intégré l’incubateur Centrale-Audencia-Ensa début 2015 pour faire mon stage de fin d’études dans ma propre entreprise. Depuis j’ai l’impression que les étapes se sont déroulées naturellement.

Quand tu a pitché HO KARAN au Mash Up #1, il y a 3 ans, le projet était à quel stade ?

Le premier MU était en décembre 2014 à la Cantine. J’étais alors au stade de l’idée. Je finissais ma majeure et je savais que j’allais sûrement intégrer l’incubateur. J’avais commencé à discuter avec des labos, je m’étais rapprochée de la Cosmetic Valley, mais il n’y avait encore rien de concret.

Je n’avais d’ailleurs parlé à strictement aucun client mais j’avais un super gros BP qui faisait de belles projections sur les 5 prochaines années. Ca m’a permis d’avoir une bonne note à la majeure… Bref, je nageais dans la théorie.

Pas mal de chemin parcouru depuis cette date ! Tu étais au tout début du projet, peux-tu nous expliquer l’histoire de HO KARAN, les moments de doute, de joie, le pivot, … ?

Pour te faire les grandes étapes :

Mai 2015 : création de l’entreprise pour pouvoir lancer les R&D avec le laboratoire. On passe d’une marque qui devait être centrée sur le chanvre à une marque terre & mer (chanvre + algue) pour diverses raisons. On ne s’adresse qu’aux hommes.

Novembre 2015 : premiers financements bancaires, lancement de la production

Mai 2016 : 3 premiers produits sur le marché

Décembre 2016 : décision d’arrêter ce 1er concept terre & mer homme

Octobre 2017 : lancement du nouveau concept centré sur le chanvre en revendiquant sa filiation au cannabis, cible mixte, avec un positionnement plus abordable et plus tourné vers la distribution online

HO KARAN tu l’auras compris c’était un projet d’entrepreneuriat-étudiant. Le problème de ce statut parfois — et ce fût mon cas — c’est que tu veux entreprendre pour être entrepreneur. Pas parce que tu as passé X années dans une industrie, que tu en connais tous les rouages, que tu as un carnet d’adresse long comme le bras et surtout pas parce que tu as décelé LE problème auquel apporter une vraie solution.

Je n’avais pas vraiment identifié de vrai problème, donc je n’apportais pas vraiment de solution à un client. On était dans la catégorie produit “nice to have” pas “must have”. On avait plusieurs soucis de positionnement notamment : le prix, la cible, la lisibilité du concept, les canaux de distribution. Il aurait été long et coûteux de réaligner les planètes une à une. J’ai décidé de faire table rase de cette première gamme pour en relancer une de zéro en étant un mieux armée et entourée.

J’avais un autre handicap sérieux au démarrage c’est le financement. Lancer une marque de cosmétique c’est une démarche industrielle. On a de la R&D, des tests, de la production avec des minima conséquents. Notre BFR est minimum de 12 mois. Toute personne raisonnée sait qu’il faut être capable d’avoir des moyens financiers conséquents avant de se lancer dans une telle entreprise. Mais je trouvais profondément injuste d’être limitée par l’argent. Ca ne me semblait en tous cas pas être une raison suffisante pour abandonner mon projet. Comme je n’avais pas un euro de côté, pas le chômage et pas de subventions, j’ai monté une espèce de système de Ponzi dont je t’épargnerai les différentes strates tellement je déconseille à quiconque de s’endetter autant.

Aujourd’hui je suis accompagnée par des investisseurs mais on reste sous-financé par rapport aux autres marques en lancement. Ca nous oblige à rester frugaux et astucieux pour cette relance.

Peux-tu nous présenter ton équipe ?

On est 6 aujourd’hui chez HO KARAN, même si on est que 2 à temps plein.

Je travaille depuis bientôt 2 ans avec Phoebé, qui est graphiste freelance et qui vient avec nous plusieurs jours par semaine.

J’ai embauché cet été Nicolas sur la partie webmarketing.

Thomas nous a rejoint également au début de l’été, il est ingénieur agronome et nous aide sur la R&D autour du cannabis sativa.

Nous avons également depuis septembre 2 alternants Caroline et Axel, sur des missions communication, webmarketing et commercial.

J’espère pouvoir embaucher rapidement sur la partie opération et content.

Et maintenant c’est quoi la prochaine étape ?

Nous recevons les produits de la nouvelle gamme fin novembre !

Pour ne pas louper la période de Noël nous avons décidé de mettre les produits en pré-commande sur la plateforme américaine de crowdfunding Kickstarter : http://kck.st/2kRw6Sk

L’avantage pour les premiers clients c’est de bénéficier d’un tarif préférentiel (jusqu’à 30% de réduction) et de cadeaux supplémentaires. De notre côté ça nous permet d’être efficaces à la réception des produits pour n’avoir plus qu’à livrer. C’est évidemment un test marché.

Dès livraison de l’ensemble des contributeurs Kickstarter notre site passera en eShop.

Nos 7 produits seront ensuite présents chez Birchbox à partir de janvier. Ils distribuaient déjà notre ancienne gamme et je les ai pas mal sollicités lors de la création de la nouvelle pour mieux comprendre les attentes marché. On est contents qu’ils nous renouvellent leur confiance.

Notre contour des yeux “The Morning Miracle” sera d’ailleurs dans leur Green Beauty Box de janvier.

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Comme je le disais tout au début, ca fait presque un an qu’Ophélie t’a remplacée à la tête de Mash Up Nantes et que la nouvelle équipe opérationnelle est en place. On voulait revenir avec toi sur cette expérience associative :-)

Comment tu es arrivée/qu’est ce qui t’a donné envie de t’engager à Mash Up Nantes alors même que l’association était toute fraîche et qu’il y avait encore tout à faire ?

Ce sont des amis d’Audencia et de Centrale qui ont décidé d’importer le Mash Up à Nantes. Lorsqu’ils ont lancé le premier événement en décembre 2014 ils savaient qu’ils ne pourraient pas poursuivre longtemps car ils devaient partir en stage de fin d’études. Avec Camille Salin, audencienne également qui travaille chez Dictanova, nous restions sur Nantes. Ils nous ont donc proposé de prendre la relève. Comme je te le disais précédemment j’étais avant tout motivée par l’entrepreneuriat donc j’ai trouvé l’idée super et je m’y suis investie :)

Qu’est ce que cela t’a apporté, comment as-tu vécu cette expérience ? (sur le plan perso, pro …)

Ca m’a énormément apporté ! Je n’avais pas de réseau sur Nantes, je suis originaire de Rennes, et quand tu es en école tu vis en vase clos. Tu ne connais malheureusement pas souvent la ville dans laquelle tu étudies.

Ca m’a permis de découvrir le tissu entrepreneurial nantais. J’ai fait grandir simultanément ma boîte et l’asso, les deux se nourrissaient mutuellement.

C’est notamment grâce au Mash Up que j’ai rencontré Mickaël Froger, le fondateur de Lengow, chez qui j’ai mes bureaux désormais.

Humainement c’était génial. Tu rencontres des gens passionnés qui sont tournés vers le partage. L’état d’esprit du “pay it forward” est réel.

J’ai eu du mal à quitter l’asso honnêtement, mais il fallait que je me concentre sur ma boîte. C’est pas à toi que je vais l’apprendre, organiser des événements pour 300 personnes c’est chronophage :) !

Une anecdote, un bon souvenir ?

Quand on est sortis tous les deux (avec Maxime) d’une réunion avec Nantes Métropole qui nous a fait réaliser que l’asso grandissait rapidement et qu’on aurait besoin d’embaucher. On était tout excités à cette idée.

Je me suis rendue compte que le Mashup marchait mieux que HO KARAN ! C’est là que je me suis dit qu’il fallait que je te propose de venir travailler avec moi ;)

L’asso a bien changé depuis ses début. Tu vois comment la suite de maintenant ?

La volonté affichée a toujours été d’essaimer en France. C’est originellement un concept parisien. On a montré qu’il pouvait rencontrer le même succès en province et on a été contactés par d’autres villes pour l’y installer.

On a toujours été bloqués par les moyens, notamment en temps homme, car le Mash Up selon Paris devait être porté par des étudiants pour les étudiants.

Sur Nantes on s’est un peu opposés à ce modèle car il y a un turnover important sur la population étudiante qui est néfaste pour la pérennité de l’asso. Parce qu’on sait également qu’il faut mélanger les populations pour créer des projets sains, et que c’est au contact de professionnels que les projets étudiants grandissent.

Si on veut avoir des petits Mash Up partout en France il faut donc repenser légèrement le modèle. C’est notamment pour ça qu’on s’était rapproché de La Cantine, pour professionnaliser l’asso.

Il faut trouver un business model réplicable dans toutes les villes. Les subventions publiques s’épuisent, surtout sur l’entrepreneuriat très à la mode donc avec une concurrence de plus en plus forte, et les partenariats avec le privé ont leurs limites. On a toujours voulu garder les événements gratuits et on ne se sentait pas légitimes quand on nous proposait de donner des cours sur le pitch ou l’entrepreneuriat. Il faut malgré tout trouver une source de revenu autre que la sub car il est évident que le Mash Up créé de la valeur.

Une anecdote pour les futurs entrepreneurs? …

Quand j’étais en levée de fonds en début d’année, je suis tombée sur un VC qui m’appréciait un peu trop, me faisant perdre pas mal de temps et d’énergie sur des rdv particulièrement inutiles. Un de mes mentors lui a gentiment expliqué que son rôle n’était pas de m’envoyer des petits mots doux mais de balancer une term sheet. Le VC en question m’a rappelée tout penaud pour m’expliquer qu’il venait de se faire gronder. C’était complètement surréaliste comme scène. Je n’ai pas eu l’investissement mais j’en rigole encore.

Blague à part c’est très politique la levée de fonds. Il y a de vraies questions d’ego et c’est important de s’entourer de gens qui sont passés par là pour comprendre les codes. Il ne s’agit pas juste de faire un beau deck et un beau BP avec les metrics qui font plaisir aux investisseurs.

D’autant que c’est malheureusement devenu un miroir aux alouettes, un passage obligé pour beaucoup, une sorte de passeport qui certifie que t’es bien un entrepreneur et que ta boîte est sexy. Même pour des business pas gourmands en capitaux au démarrage. J’espère que l’entrepreneuriat-mania finira par se calmer à ce sujet.

Pour terminer : une citation ? un mantra ? une philosophie ?

Il n’y a pas de secret il faut énormément travailler. Rester humble, déterminé et optimiste. Dans cet ordre là. Parce que l’inverse ne marche pas.

Merci Laure pour cette itw !

Pour participer à la campagne Kickstarter => http://kck.st/2kRw6Sk

ITW de Laure par Maxime :-)